Un dimanche, une œuvre, sept rencontres avec Jean-Marc Terrasse
Dimanche 7 avril à 17h00:
Denis Grozdanovitch, une mélancolie désinvolte
Denis Grozdanovitch

Du « Petit traité de désinvolture » en 2002 jusqu’au « Génie de la Bêtise » (2017) en passant par « L’art difficile de ne presque rien faire » (2009), DG a conquis un public qui le suit avec un enthousiasme paisible et une attention sereine. C’est que ses livres (14 à ce jour) procurent au lecteur cette jubilation délicieuse de la formulation impeccable. Mais oui se dit-on ravi, c’est exactement ça ! Pas un mot à ajouter ou à retirer ! Moins pessimiste que Cioran, moins méthodiquement paradoxal qu’Alexandre Vialatte, il traverse la prose délicate du « presque rien » avec une élégance pleine d’une ironie inhabituelle dans la méditation littéraire. C’est qu’une longue pratique des raquettes lui a donné un grand sens ludique. Champion de France junior de tennis en 1963 il est ensuite champion de France de squash et de paume, comme il l’a raconté dans « De l’art de prendre la balle au bond ». Il nous présente son nouvel opus intitulé « Dandys et excentriques, les vertiges de la singularité ». (Grasset, 2019).


Dimanche 5 mai à 15h00:
Laure Adler, les bruits du monde
Laure Adler

Passion du théâtre, passion de la radio, passion de la communication, passion de la littérature : la vie de Laure Adler est traversée de passions mais aussi d’interrogations, de causes à défendre et d’espérances. Au long d’une forte présence dans les médias, qui la mène de France Culture (qu’elle va diriger) à France Inter où aujourd’hui elle produit et présente « L’heure bleue » tous les soirs à 20h, en passant par la télévision (le Cercle de Minuit, France Ô etc.), elle tient parallèlement quelques années le poste crucial de conseiller à la culture de François Mitterrand, et mène le métier d’éditeur dans de nombreuses maisons prestigieuses. Inlassable défenderesse du statut des femmes, elle est aussi l’auteur d’une trentaine de livres, romans, essais (de nombreux sont consacrés au féminisme et à l’histoire des femmes) et biographies (Marguerite Duras, Simone Weil, Hannah Arendt, Françoise Giroud ou François Mitterrand). En 2016, son livre « Tous les soirs » raconte sa fascination pour la scène et le spectacle vivant. Nous sommes heureux de l’accueillir à Orion.


Dimanche 23 juin à 17h00:
Thomas Angerer, question française ou question européenne ?
Thomas Angerer

Maître de Conférences au Département d’Histoire de l’Université de Vienne et Chargé de cours à l’Académie diplomatique de Vienne, Thomas Angerer enseigne l’histoire contemporaine. Il est aussi un spécialiste reconnu des questions européennes. Un mois après les élections européennes qui ont lieu du 23 au 26 mai, il est temps de dresser un bilan de la situation plus calmement que dans le feu de l’actualité. Quel avenir pour quelle Europe, face à la montée des intolérances, des rejets exacerbés et des replis sur soi dans l’ensemble des pays européens ? Chaque nation peut-elle se penser sans les autres ? Et comment la France tourmentée et travaillée de forces contradictoires est-elle perçue par ses voisins ? Va-t-on vers plus de démocratie ou plus de démagogie ? Sans oublier le fait que les problèmes climatiques ne peuvent être abordés qu’à l’échelon international.

Thomas Angerer, qui connaît bien la France, jusque dans ses détails et la regarde depuis la capitale autrichienne, nous éclaire sur tous ces points. L’entretien a lieu en français.


Dimanche 14 juillet à 17h00:
Isabelle Jarry : un roman familial est-il encore possible ?

Son dernier roman « In paradisum » (Gallimard, 2019) est l’histoire d’une fratrie plongée dans la stupeur par le meurtre suivi d’un suicide des parents. Réunis par cet événement tragique, trois sœurs et un frère dont les souvenirs divergent, affrontent leurs vérités, leurs illusions et celles des autres.

Isabelle Jarry

Depuis 1992 et « L’homme de la passerelle » (prix du premier roman) Isabelle Jarry propose des romans intimes (une douzaine à ce jour) dont la tonalité subtile et la voix singulière, se situent délibérément à contre-courant des grands éclats présents. Freud nous rappelle que « le roman familial corrige l’existence ». Et qu’il est aussi le sujet de la psychanalyse.

Dans les essais et biographies d’Isabelle Jarry on retrouve son goût des voyages et de l’aventure. Au Musée Jeanne d’Albret d’Orthez, la veille, elle parle de son ami Théodore Monod auquel elle a consacré trois récits et un roman.


Jeudi 22 août à 19h00:
Rainer Moritz : Albert Camus et le discours du Prix Nobel
Rainer Moritz, Jean-Yves Pouilloux et Jean-Marc Terrasse

Le 10 décembre 1957, Albert Camus qui a 43 ans, prononce son discours de réception du prix Nobel. Lui qui est de tous les combats politiques, lui dont la voix porte sur les scènes de théâtre, dans les universités, lui qui est cité dans tous les débats, lui qui combat ouvertement les dictatures, qui affronte Sartre, les communistes mais aussi les coloniaux, lui qui, déchiré par la question de l’Algérie, son pays, va se concentrer dans cette allocution devenue culte, sur la question de l’écrivain face à ses textes, dans le silence de son cabinet.  Son roman « L’étranger » paru en 42, l’a rendu mondialement célèbre.  « L’absurde », y écrit-il « naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde ».  Mais cette phrase commentée par les élèves de tous les lycées du monde, qu’en reste-il aujourd’hui ? Vu d’Allemagne, quel Camus entend-on encore ? Celui, littéraire, du Prix Nobel ou celui des combats d’un siècle ? Siècle qui s’achève en 1960 dans un tragique accident de voiture.

Rainer Moritz, qui a déjà traité avec nous de Proust en 2017 et de Montaigne en 2018, tentera de répondre avec nous à ces questions.


Dimanche 29 septembre à 17h00:
Aurore Méchain : Le nouveau visage du musée des Beaux-Arts de Pau
Aurore Méchain

Arrivée il y a un an, la nouvelle directrice, Aurore Méchain, nous présente les nouveaux accrochages et les transformations du musée des Beaux-Arts de Pau. Venue du Centre Pompidou après un passage au Musée Soulages à Rodez, Aurore Méchain a été choisie par la Ville de Pau pour réinventer le musée dans le cadre des travaux d’extension. Quel rôle culturel le musée peut-il jouer dans la ville et la région ? Mettre mieux en valeur des très belles collections mal connues ? Faire découvrir des artistes oubliés ou de nouvelles facettes d’artistes confirmés ? Comment ne pas rester confiné à un cercle de spécialistes ? Comment attirer un public de plus en plus exigeant et, c’est moi qui le dis, paradoxalement de moins en moins connaisseur ?  Créer des courants de sympathie et d’échanges avec d’autres institutions culturelles ou non ? En une phrase : se forger une identité forte ! La région a besoin d’un grand musée et celui des Beaux-Arts de Pau a tous les atouts pour ça.


Dimanche 27 octobre à 17h00:
Arne Ulbricht : Maupassant, un roman allemand
Arne Ulbricht

Arne Ulbricht est professeur d’histoire et de français à Wuppertal. Maupassant, paru en Allemagne en 2017, est son second roman. Il paraît aujourd’hui en français, c’est la moindre des choses pour roman qui a pour sujet un styliste de cette langue.  A travers le récit des premières années parisiennes du Normand Guy de Maupassant jusqu’au premier grand succès qu’est « Boule de suif », Arne Ulbricht nous entraine dans la vie de bohême des artistes et des écrivains de la fin du 19ème siècle. Ce monde décadent, raffiné, libre de mœurs, fascine autant qu’il étonne. Maupassant fréquente à peu près tous ceux que la postérité retiendra, avec en arrière-plan la personnalité tutélaire de Flaubert qui le soutiendra sans faiblir. C’est que Maupassant est le personnage de sa propre vie. Ce point de vue venu d’Outre-Rhin sur un auteur que la Guerre de 1870 avec la Prusse avait rendu antimilitariste, nous intrigue et nous éclaire.

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